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Obest Plerumque
20 juin 2014

Dictée 20/06

Ils retournèrent en courant vers le hangar, prirent le plus beau des traîneaux, doublé de rouge et

bordé d’un rang de grelots. Ils eurent quelque peine à le faire descendre, mais une fois l’élan
donné, rien au monde ne pouvait se comparer à la rapidité de sa course ; la neige volait dans leurs
visages, entrait dans leurs bouches entr’ouvertes, haletantes, les aveuglait, cinglait leurs joues.
Hélène ne voyait plus rien. La blancheur étincelante de la plaine fulgurait sous les rayons du
soleil d’hiver ardent et rouge, qui allumait sur la neige un feu écarlate. Peu à peu, cependant, il
pâlit, devint rosé.
« Quelle ivresse ! » songea Hélène. Ils ne comptaient plus leurs chutes ; enfin, après l’une d’elles
qui les jeta au fond d’un ravin et d’où ils sortirent avec peine, les joues griffées par les aiguilles
de glace, Reuss, qui pleurait à force de rire, dit :
« Nous allons nous casser la tête, c’est clair ! Reprenons nos paisibles traîneaux finlandais.
– Jamais de la vie ! Rouler dans la neige, c’est ce qu’il y a de plus amusant. »
Irène Némirovsky, Le Vin de solitude, Éditions Albin Michel, 1935

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